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Ressources en culture générale sélectionnées par la Bibliothèque nationale de France

Le travail

Les dates

1791 - Les décrets d’Allarde des 2 et 17 mars posent le principe de la liberté du travail et suppriment les corporations.
1791 - Les lois Le Chapelier des 22 mai et 14 juin interdisent les coalitions de métiers et les grèves.
1831 - Révolte des canuts lyonnais.
1841 - La loi du 22 mars 1841 interdit le travail des enfants de moins de huit ans, limite la journée de travail à huit heures pour les 8-12 ans et à douze heures pour les 12-16 ans. Le travail de nuit est interdit aux moins de 13 ans.
1884 - Promulgation de la loi "Waldeck-Rousseau" instaurant la liberté syndicale. De toléré, le syndicalisme ("associations professionnelles ouvrières et patronales") devient légal en France.
1906 - Instauration d'un repos obligatoire hebdomadaire de 24 heures.
1906 - Création du ministère du Travail et de la Prévoyance sociale.
1910 - 28 décembre - Loi instituant le Code du travail qui reprend et regroupe toutes les avancées de la législation sociale. 
1919 -  Avril - La journée de travail est fixée à 8h, la durée hebdomadaire de la semaine de travail à 48h.
1936 - La victoire du Front Populaire aux élections législatives le 3 mai 1936 entraîne la signature des « Accords de Matignon » (semaine de 40h sans perte de salaire, congés payés, assurances sociales, conventions collectives).
1946 - Le droit de grève et le droit syndical sont inscrits dans le préambule de la Constitution.
1958 - Création de l’assurance - chômage : pour la première fois, tout travailleur ayant perdu son emploi a droit à un revenu de remplacement.
1968 - 25-27 mai - Accords de Grenelle entre les représentants du gouvernement Pompidou, des syndicats et des organisations patronales (augmentation du SMIG et des salaires réels, réduction du temps de travail, création de la section syndicale d’entreprise).
1982 - 13 janvier - Ordonnance qui instaure la semaine de 39 heures et la cinquième semaine de congés payés.
1982 - Lois "Auroux" relatives aux libertés des travailleurs dans l'entreprise, aux institutions représentatives du personnel, à la négociation collective, au comité hygiène et sécurité.
1998 - 13 juin - Loi d’orientation et d’incitation relative à la réduction du temps de travail. La durée hebdomadaire légale du travail est ramenée à 35 heures au 1er janvier 2000 pour les entreprises de plus de 20 salariés et au 1er janvier 2002 pour celles de moins de 20 salariés.
2008 - 2 juin -Conclusion des accords de Bercy sur la rénovation du dialogue social entre entre le ministre de la fonction publique et six des huit organisations syndicales représentant plus de 70% des voix dans les trois fonctions publiques (CGT, CFDT, FSU, UNSA, Solidaires, CGC).
2008 - 20 août - Loi portant rénovation de la démocratie sociale et réforme du temps de travail (renouvellement des critères de représentativité des organisations syndicales).

Pour commencer

Dossier réalisé en 2012

Focus sur... le travail

Chômage, travail précaire, choc de compétitivité, souffrance au travail, retraites, racisme anti-entreprise, discrimination à l’embauche, emplois d’avenir : autant de thèmes qui hantent sans répit notre actualité de crise. Le travail, réduit souvent au seul « emploi », ses mutations ou son absence se trouvent au centre des préoccupations quotidiennes des Français. Comment le travail est-il venu à prendre autant d’importance dans notre société ? Longtemps méprisé par les philosophes au profit de la contemplation, la plus haute activité pouvant exprimer l’essence de l’homme, le travail est le fondement des sociétés laborieuses à partir du XVIIIe siècle. De supplice, peine, effort, il devient facteur de progrès. Le travail représente désormais l’homme qui transforme la nature et se réalise lui-même à travers ses productions, non sans contradiction car le travail comme libération reste un idéal à atteindre sans cesse démenti par la réalité économique du travail aliéné. Masquées un moment par le mythe de la « fin du travail », à la mode dans les années 90, les problématiques du travail connaissent aujourd’hui une nouvelle centralité dans le débat public.

Image: Gallica


Joël Jung, Le travail Paris : Flammarion, 2000, coll. "Corpus" 

Dominique Méda, Le travail Paris : PUF, 2010, coll. "Que sais-je?"

Alain Dewerpe, Le Monde du travail en France Paris : A. Colin, 1989, coll. "Cursus"

Christian Baudelot, Travail et classes sociales Paris : Éd. Rue d'Ulm, 2010


Les livres à lire sur la question... à la BnF

  • Le Capital. Livre premier (1867)

    Karl Marx - Paris : PUF, 1993

      Le travail humain est synonyme de liberté créatrice, c’est ce qui distingue l’homme de l’animal. Mais cette potentialité libératrice est entravée par les conditions de production réelles qui permettent aux capitalistes de s’approprier les valeurs produites par les travailleurs. Seul un ordre social plus juste permettra son exercice complet.

    • De la division du travail social (1893)

      Émile Durkheim - Paris : PUF, 2007

        La division du travail a un rôle positif car elle rend les individus complémentaires et les oblige à participer à une œuvre commune, la solidarité organique de la société. Elle engendre ainsi du lien social. Le travail est facteur de cohésion sociale comme la famille, l’école et la religion.

      • La condition ouvrière (1951, recueil de textes de 1934-1942)

        Simone Weil - Paris: Gallimard, 2002

          Dans le récit de ses expériences de la vie d’usine, Simone Weil recherche les conditions d’un travail non asservissant, car « toute la société doit être constituée d’abord de telle manière que le travail ne tire pas vers en bas ceux qui l’exécutent. »

        •  L'éthique protestante et l'esprit du capitalisme (1904-1905)

          Max Weber - Paris: Flammarion, 2000

            Le capitalisme est fondé sur une éthique du travail issue de la Réforme protestante qui valorise l’enrichissement et la réussite professionnelle comme des comportements agréables à Dieu. Le travail sans relâche en ce bas monde, l’accomplissement de son rôle dans la société sont une obligation morale pour le croyant en quête d’élection divine.

          • Le travail en miettes: spécialisation et loisirs (1964)

            Georges Friedmann - Paris : Gallimard, 1964

              Le taylorisme – organisation scientifique du travail fondée sur la spécialisation des tâches afin d’augmenter la productivité – conduit à un désinvestissement du travail de la part de ceux qui le réalisent et favorise la désunion sociale.

            • L'identité au travail: les effets culturels de l'organisation (1977)

              Renaud Sainsaulieu - Paris : Presses de la Fondation nationale des sciences politiques, 1993

                Activité socialisatrice, le travail est un facteur de construction de l’identité des individus, sous plusieurs formes : l’appartenance à une culture d’entreprise, le sentiment de participer à la création d’une œuvre collective, l’identification à des destins individuels exemplaires, la solidarité dans la résistance face au patronat.

              • Métamorphoses du travail, quête du sens: critique de la raison économique (1988)

                André Gorz - Paris : Galilée, 1988

                  Le travail recule, à la fois comme valeur d’intégration sociale et comme impératif économique : « la société du travail est caduque ». Contre l’idéologie productiviste d’un travail hétéronome, déterminé par les besoins de la société et s’effectuant contre de l’argent, le travail autonome est épanouissant pour les individus et se déroule hors de la sphère de la nécessité.

                • La fin du travail (1995)

                  Jeremy Rifkin - Paris : Éd. la Découverte, 1996

                    La fin du travail, c’est la fin d’un ordre social fondé sur le travail salarié. Dans les sociétés post-industrielles touchées par la révolution scientifique et technique, les services ne peuvent plus absorber la main d’œuvre rejetée sur le marché du travail. La solution réside dans la sortie du productivisme, la réduction du temps de travail, la création d’un « tiers secteur » solidaire et non marchand.

                  • Le travail: une valeur en voie de disparition (1995, nouvelle éd. 2010)

                    Dominique Méda - Paris : Aubier, 1996

                      L’idée que le travail est constitutif du lien social ne va pas de soi, elle peut être historiquement circonscrite à une époque particulière. Les sociétés dont le travail est la valeur centrale sont tributaires d’une vision économiste qui assigne les individus à la seule sphère productive et marchande. Il faut « désenchanter le travail », permettre aux individus d’accéder à d’autres voies de réalisation de soi dans les sphères culturelle, familiale, politique.

                    • Les métamorphoses de la question sociale: une chronique du salariat (1995)

                      Robert Castel - Paris: Fayard, 1995

                        La société du travail n’est pas finie et ne connaît pas d’alternative. Mais le lien salarial est en crise. Le tissu de droits, garanties et protections construit durant les XIXe et XXe siècles, s’il n’éloigne pas définitivement le spectre du travail aliéné, contribue à consolider l’intégration et la citoyenneté. Son effritement dépossède les individus précarisés du sentiment de leur utilité sociale et les expose au risque de la « désaffiliation ».

                      • Le salarié de la précarité: les nouvelles formes de l'intégration professionnelle (2000)

                        Serge Paugam - Paris : PUF, 2000

                          Le monde du travail post-fordiste est marqué par l’insécurité de l’emploi et l’insatisfaction au travail. Contrairement à « l’ouvrier de l’abondance » des Trente Glorieuses, le salarié de la précarité est confronté à des difficultés majeures dans son intégration professionnelle. Sa vie familiale, sa participation politique et son identité au sein de l’entreprise s’en ressentent fortement.

                        • Condition de l'homme moderne (1958, trad. fr. 1961)

                          Hannah Arendt - Paris: Gallimard, 2012

                            La tradition antique qui voit dans le travail un asservissement à la nécessité, ravalant l’homme à ses besoins vitaux et dont il faut se libérer pour pouvoir s’adonner à la philosophie et à la vie publique, est ici réactivée. Mais, contrairement à Marx, Hannah Arendt ne pense pas que le progrès technique soit un moyen pour y parvenir. L’action publique ne peut être le fait ni de l’animal laborans ni de l’homo faber.

                          • Le nouvel esprit du capitalisme (1999, nouvelle éd. 2011)

                            Luc Boltanski et Ève Chiapello - Paris: Gallimard, 2011

                              Au milieu des années 70, on assiste au passage d’un capitalisme bureaucratique et hiérarchique à un capitalisme renouvelé grâce à la récupération de la « critique artiste » issue de Mai 68, au détriment d’une critique sociale davantage axée sur la dénonciation de l’exploitation. Le salarié vise ainsi à maximiser son « employabilité » dans une organisation du travail devenue réticulaire, qui met l’accent sur la flexibilité, la mobilité, la créativité, l’initiative, l’adaptabilité dans un monde connexionniste.