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Maghreb

Un entretien avec Leïla Bahsaïn

A l'occasion de la parution de son troisième roman, Ce que je sais de monsieur Jacques, l'écrivaine franco-marocaine Leïla Bahsaïn, lauréate du Prix Méditerrannée premier roman 2019, est interviewée sur Rfi dans l'émission Littérature sans frontières : un entretien à réécouter ICI

Ce que je sais de monsieur Jacques sera bientôt disponible en salle H de la Bibliothèque François Mitterrand. 

Abigail Assor, Prix Lorientales 2022

Abigail Assor a reçu le prix Lorientales 2022 pour son roman Aussi riche que le roi (Gallimard).

Sarah, Française issue d’un milieu modeste, venue au Maroc avec sa mère dans l’espoir d’une situation meilleure, est scolarisée gratuitement au lycée français et fréquente la jeunesse dorée de Casablanca, tout en vivant dans le bidonville des Carrières Centrales. Driss appartient à l’élite politique et financière du Maroc, les Fassis, une lignée de vieilles familles originaires de Fès. Sarah a pour elle le capital symbolique du français et la beauté physique, pour conquérir l’élément dont elle rêve : le capital matériel, que possède Driss, réputé l’élève le plus riche du lycée - mais aussi le plus laid.

Le roman raconte la conquête de Driss par Sarah, dans ce marché de dupes qu’est « l’amour » à l’intérieur d’une société décrite comme corsetée par le patriarcat et hantée par la colonisation. Si les coordonnées sont celles d’un conte de fées, le roman est en fait méticuleusement bâti comme une satire sociale.

Le roman est disponible en salle H de la Bibliothèque nationale de France.

 

Abigail Assor est née au Maroc, à Casablanca, en 1990. Elle vit en France depuis dix ans. Aussi riche que le roi est son premier roman. 

Le prix Lorientales est remis par l'association du même nom, basée à Lorient, avec l’objectif de "développer la connaissance et la compréhension du monde arabe et oriental, sa langue, ses civilisations, ses valeurs culturelles".

Kateb Yacine : portrait

Kateb Yacine 

" Toute doctrine religieuse ou philosophique aboutit toujours à châtrer le poète qui s'en fait le coryphée. Le vrai poète, même dans un courant progressiste doit manifester ses désaccords. S'il ne s'exprime pas pleinement il étouffe. Telle est sa fonction. Il fait sa révolution à l’intérieur de la révolution politique ; il est au sein de la perturbation, l’éternel perturbateur. Son drame c'est d'être mis au service d'une lutte révolutionnaire, lui qui ne peut ni ne doit composer avec les apparences d'un jour. Le poète, c’est  la révolution à l’état nu, le mouvement même de la vie dans une incessante explosion. " 

L’action, 11 août 1958, p. 17 (in « Qu’est-ce que le théâtre ? » Entretien avec Kateb Yacine et Jean-Marie Serreau sur Le Cadavre encerclé

Ecrivain, journaliste, militant révolutionnaire, Kateb Yacine est aussi considéré comme l'un des inventeurs de la littérature maghrébine moderne de langue française.

Kateb Yacine est né à Constantine en 1929, dans une famille de lettrés. Il entre en 1934 à l'école coranique et en 1935 à l’école française, comme c’est l’usage dans les familles bourgeoises algériennes de l’époque. Le 8 mai 1945, jeune collégien, il participe aux manifestations de Sétif et assiste à leur sanglante répression par la police et l’armée françaises. Sa famille est touchée, dont sa mère, qui devient folle. Kateb Yacine est emprisonné et ne retournera jamais au lycée. Il se fait docker et journaliste au quotidien Alger républicain, où il publie des articles politiques sur la situation internationale. Le sentiment de révolte contre le colonialisme et le désir d'un éveil national algérien guideront désormais sa vie et son œuvre.
A la même époque il publie, grâce à une rencontre de hasard, son premier recueil de poèmes Soliloques (1946).

À la mort de son père, Kateb Yacine s'exile en France pour subvenir aux besoins de sa famille. Vivant d'abord de petits métiers, des amis parviennent à lui fournir les conditions pour écrire à Paris où il parvient à terminer Nedjma (1956), son premier chef d’œuvre. Avec une matière algérienne, largement autobiographique, et dans un français éblouissant, Kateb Yacine retourne contre la France son arme de prestige : la « grande littérature ». Il aura plus tard cette parole restée célèbre : « Le Français est notre butin de guerre ».
Sa rencontre avec le metteur en scène Jean-Marie Serreau, en pleine guerre d’Algérie, l’oriente vers l’écriture d’un théâtre engagé, qu’il parvient à faire jouer en France, en Europe et au Maghreb (Le cadavre encerclé, 1957, Le Cercle des représailles, 1959). Kateb Yacine retourne en Algérie peu après la fête de l’Indépendance, en 1962. Il reprend ses activités de journaliste, tout en élargissant son engagement de la lutte anticoloniale à lutte anti-impérialiste (Nos frères les Indiens, 1964). Kateb Yacine publie encore Le polygone étoilé en 1966, roman algérien et prouesse stylistique, dans la veine de Nedjma, avant de tourner définitivement le dos à un certain milieu et à certaines préoccupations des « Lettres françaises ».

Après un voyage au Vietnam en 1967 et l’écriture de la pièce L’Homme aux sandales de caoutchouc (1970), Kateb ne sépare plus l’œuvre littéraire de l’action politique. Il décide de s’établir en Algérie à partir de 1971 pour fonder un théâtre populaire en arabe algérien (le « Théâtre de la mer » à Bab El Oued). La littérature devient pour lui l'objet d'une œuvre collective (ainsi sa pièce Mohamed, prends ta valise (1971) a été écrite en intégrant les échanges de vive voix émanant de sa troupe) et le théâtre l’expression publique d’une tragédie nationale, où doit pouvoir se reconnaître le peuple algérien. Son style évolue en intégrant davantage les formes de la langue parlée : « La littérature c'est plutôt la langue vivante que les belles phrases », dira-t-il dans un entretien. Ainsi sa pièce La guerre de deux mille ans (1974) sera jouée en arabe dialectal.
Le socialisme de Kateb Yacine vise autant l’impérialisme extérieur que les forces régressives intérieures à l’Algérie. Ses prises de position en faveur de la cause berbère et de la liberté des femmes, son hostilité à l’égard du nivellement politique par la langue et la religion (« l’arabo-islamisme »), le font exiler en 1978 dans son propre pays et censurer à la télévision.

Après avoir obtenu en 1987 le Grand prix national des lettres, Kateb Yacine choisit de retourner en France. Il meurt de leucémie, à Grenoble, en 1989.