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Benjamin Bürbaumer, Chine/États-Unis, le capitalisme contre la mondialisation. Paris : La Découverte, 2024, 302 p.

Maître de conférences en économie à Sciences Po Bordeaux et spécialiste de l’économie politique internationale et de la mondialisation, Benjamin Bürbaumer consacre son dernier ouvrage à l’analyse des ressorts politiques et économiques de la rivalité sino-étatsunienne. Il y éclaire un paradoxe, celui selon lequel la Chine, en devenant capitaliste, a miné la mondialisation.

Adoptant une approche historique, l’auteur montre que les conflictualités entre les deux puissantes ne sauraient être réduites à une opposition conjoncturelle entre ses dirigeants, Donald Trump et Xi Jinping mais qu’elles remontent aux années 1970, lorsque les entreprises étatsuniennes cherchent à résoudre une grave crise de rentabilité en étendant leurs activités à l’international afin de trouver de nouveaux profits. C’est le moment où les États-Unis mettent en place un marché mondial au sein duquel ils sont les maîtres du jeu. Pour occuper cette position, ils encouragent la libéralisation du commerce international dans le cadre du GATT puis, à partir de 1995, de l’OMC. À la même époque, la Chine traverse une décennie difficile liée à une faible croissance de la production industrielle et des difficultés d’approvisionnement en nourriture qui suscitent le mécontentement des populations. La solution trouvée par le Parti communiste chinois est d’ouvrir le pays aux capitaux et aux entreprises étrangères, modèles pour les entreprises nationales encore peu familières des principes de maximisation du profit. Une alliance de circonstance se met ainsi en place entre capitalistes américains et communistes chinois, qui marque l’entrée de la Chine dans la mondialisation. Cependant, cette alliance n’est que temporaire et la crise de 2007-2008 révèle au grand jour les contradictions déjà en germe entre les deux puissances. Connaissant une crise de surproduction en raison d’une consommation intérieure en berne, la Chine part à la conquête du marché mondial et rentre en concurrence directe avec les entreprises américaines. Là est le nœud du conflit. Si la Chine a certes rejoint la mondialisation, elle en refuse désormais les règles, à savoir celles d’un jeu mondial sous hégémonie états-unienne, et tente d’imposer les siennes. Cette réorganisation sino-centrée du marché mondial passe par un contrôle des infrastructures, tant physiques, avec la mise en place des Nouvelles routes de la soie en 2013, que monétaires et technologiques.

Bien loin de l’image d’un « doux commerce », l’analyse que propose Benjamin Bürbaumer de cet affrontement où la Chine « conteste[…] la domination états-unienne sur les structures mêmes de sa puissance » (p.206) rend caduque la traditionnelle opposition entre une économie porteuse de paix et une politique porteuse de conflit. Au contraire, elle nous invite à les penser conjointement.

Ouvrage disponible en salle D de la bibliothèque tous publics (Haut-de-jardin) et en salle N de la bibliothèque recherche (Rez-de-jardin) de la BnF, ainsi qu’en ligne sur Cairn.

Lauréat du prix lycéen « Lire l’Économie » 2024, Benjamin Bürbaumer viendra présenter ses travaux à la BnF le mardi 11 mars de 14h45 à 16h15. Retrouvez toutes les informations sur cet événement sur le site de la BnF.