En hommage à l’écrivaine guadeloupéenne Maryse Condé, décédée le 2 avril à l’âge de 90 ans, nous vous proposons de découvrir une sélection de ses œuvres et des études la concernant dans la salle H de la Bibliothèque tous publics.

Maryse Condé a d'abord été dramaturge et critique, prenant conscience de son « héritage colonial » comme de son « africanité » par les lectures d’Aimé Césaire et de Franz Fanon, et par son expérience tumultueuse de l’Afrique où elle assiste, principalement en Guinée, aux premiers essors et désillusions de l’indépendance.

Mais c’est l'écriture de romans qui va la rendre célèbre, à commencer par Ségou, roman historique en deux tomes (1984-1985) qui, à travers le destin de trois frères, retrace la chute du royaume bambara. Moi, Tituba sorcière noire de Salem (1986), racontant l’histoire de la fille d’une esclave jugée pour sorcellerie, confirme sa force narrative et son succès auprès du public (elle remporte le « grand prix de la Femme » pour ce livre).

Tour à tour journaliste et enseignante, passant de la France aux Antilles, de l’Afrique aux Etats-Unis, amie de Guy Tyrolien, compagnonne de l’aventure éditoriale de Présence africaine, plus tard des écrivains antillais de la Créolité, signataire du Manifeste pour une littérature-monde en français (2007), elle a publié plus de quarante ouvrages, dont la finesse et le franc-parler ne se sont jamais démentis.

Parmi ceux-ci : La Colonie du Nouveau Monde (1993), La Migration des cœurs (1995), Desirada (1997), La Belle Créole (2001), Histoire de la femme cannibale (2003) et Le Fabuleux et Triste Destin d’Ivan et d’Ivana (2017). Observatrice implacable des sociétés postcoloniales, peu sujette à l’emportement des utopies, son écriture reste au plus près de « La vie sans fards », pour reprendre le titre des « confessions » qu’elle publie en 2012. C’est aussi le titre qui a été retenu par l’université de Pointe-à-Pitre pour les Mélanges qui lui sont consacrés.

Elle remporte le 12 octobre 2018 le prix de la Nouvelle Académie de littérature, Nobel qualifié d’« alternatif » par la presse, qui consacre l’intégralité de son œuvre et lui permet symboliquement de replacer la Guadeloupe au centre de l’univers des Lettres.

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