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Europe

75e anniversaire de la mort de Maurice Maeterlinck

Le 6 mai 2024 est le 75e anniversaire du décès de Maurice Maeterlinck (1862-1949), à ce jour le seul lauréat belge du prix Nobel de littérature (1911). En hommage à ce "Flamant de Flandre mais aussi écrivain français", comme le nomme Julien Cain dans le catalogue de l'exposition que la bibliothèque nationale lui a consacrée en 1962, voici quelques liens permettant de replonger dans son oeuvre :

Hommage à Guy Goffette (1947-2024)

Le site en-attendant-nadeau.fr rend hommage au poète et éditeur belge dans un dossier intitulé "Guy Goffette : la poésie à hauteur d’homme".

  • Retrouvez ici les trois principaux éléments de cet hommage : 

Entretien avec Guy Goffette

Mémoire poétique de Guy Goffette

Frissons de langage

  • Guy Goffette à la Bnf : ici

François Jacqmin, Les cahiers

François Jacqmin (1929-1992) est l'un des plus grands poètes de la deuxième moitié du 20e siècle en Belgique.

Les Presses universitaires de Liège ont entrepris la publication de Cahiers, dont le deuxième numéro est paru récemment, rassemblant poèmes inédits, proses, textes sur l’art et les artistes, ainsi qu'études sur l’œuvre, témoignages, correspondance et iconographie.

Ces Cahiers François Jacqmin sont désormais disponibles en salles H et V de la Bibliothèque Nationale de France.

Ajoutons à cet hommage ce rare extrait d'interview de l'écrivain :

Le prix Pierre Mac Orlan pour Grégoire Polet

Le prix Pierre Mac Orlan 2024 est décerné à Grégoire Polet pour son dernier roman, Pax, paru aux éditions Gallimard.
Grégoire Polet est le deuxième lauréat belge du prix, après Jean-Claude Pirotte, primé en 2011 pour Place des savanes (Cherche-Midi).

Retrouvez ce livre très bientôt disponible en salle H de la bibliothèque François Mitterrand, dans les rayons de littérature francophone.

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Remis pour la première fois en 2005, le Prix Pierre Mac Orlan récompense un ouvrage (roman, récit, témoignage) de langue française, proche de l’univers de Pierre Mac Orlan (l’aventure maritime, réelle ou imaginée, les ports, les quartiers chauds, la poésie sociale, le Paris populaire…) et sorti dans l’année qui précède.

Eugène Savitzkaya, Fou de Paris

Eugène Savitzkaya, le prince belge des poètes francophones, écrivain d'humour et d'amour fous, vient de faire paraître Fou de Paris aux éditions de Minuit, un long poème en prose signé Hégésippe Moreau, "poète dans une cité de m'as-tu vu et de maquerelles". Hégésippe Moreau traîne son amour perdu, flâne dans le jardin des plantes, se promène le long des quais et redessine à neuf une géographie de promeneur solitaire ou de paysan de Paris au temps du Covid-19. Extrait : 

Passé le canal, c’est la cité du sang, le sang qui parcourt les artères et gonfle les veines, sang généreux et sang ardent, le joli sang qui sort après la chute d’une dent de lait, le sang qui perle sur la peau après une piqûre d’épine de rosier, le sang rosé des petits vaisseaux qui se rompent dans les douces fosses nasales, le sang des premières écorchures, le sang qu’on donne, le sang qu’on prend, le sang cataménial, le sang des parturientes qui gicle à la face des nouveaux pères et qui barbouille le corps des nouveau-nés, le sang vif d’une plaie au couteau, le sang humain. C’est la cité du sang et le sang court les rues comme l’amour ou la mort et coule dans le canal pour nourrir les poissons rassemblés à la sortie des bouches d’égout. 
Les bœufs et les chevaux portent leurs masques Bruneau au boulon meurtrier. Une population masquée assiste aux tueries. Les moutons sont alignés allongés au bord de la cuve. Les oreilles des porcs pendent sur leurs charmants petits yeux. 
Certains tueurs préfèrent le merlin anglais et le jonc qui, passé par le trou causé par le merlin, pénètre dans le cerveau et détermine subitement la mort. Jonc bien sec ou osier, chaque tueur a sa préférence. Les plus rationnels ne jurent que par le masque, le fameux masque Bruneau au boulon meurtrier. Il y a les bouveries, les bergeries, les porcheries, les grilloirs, les triperies avec les grandes chaudières. 
Le sang coule au caniveau. 

Le livre sera très bientôt disponible en salle H de la bibliothèque nationale de France, sur le site François Mitterrand, dans le secteur des littératures francophones.

Hommage à Milan Kundera (1929-2023)

L’écrivain franco-tchèque Milan Kundera, né le 1er avril 1929 à Brno, est mort le 11 juillet dernier à Paris.

« La plupart des êtres s’adonnent au mirage d’une double croyance : ils croient à la pérennité de la mémoire (des hommes, des choses, des actes, des nations) et à la possibilité de réparer (des actes, des erreurs, des péchés, des torts). L’une est aussi fausse que l’autre. La vérité se situe juste à l’opposé : tout sera oublié et rien ne sera réparé. Le rôle de la réparation (et par la vengeance et par le pardon) sera tenu par l’oubli. Personne ne réparera les torts commis, mais tous les torts seront oubliés. » (Le livre du rire et de l'oubli)

Ce ton irrévérencieux envers toute forme d'institution de l'être (politique, religieux, moral, sentimental) est celui de Milan Kundera. Et c'est l’un des paradoxes de sa renommée d'incarner l'écrivain des bouleversements historiques du XXe siècle (l’invasion nazie, le communisme, l’exil politique) quand son art consiste précisément à se déjouer de leur poids (« l’hypertrophie de l’âme » européenne, ainsi qu’il caractérise son époque dans divers essais). 

Après une période d’intense activité poétique, portée par l'idéal révolutionnaire – il adhère au Parti communiste à dix-neuf ans, juste avant le « Coup de Prague » de 1948 –, Kundera abandonne ce qu’il nomme la « tentation lyrique » pour l’art du roman, c’est-à-dire « la pratique d'un regard lucide et désabusé » (Les Testaments trahis). Il opte pour la mise en scène comique du drame historique. La plaisanterie, son premier roman, publié en 1967, raconte l'emprisonnement d'un étudiant à cause d'un canular. Le livre est un succès, mais lui fait perdre son poste d'enseignant à l'Académie du cinéma de Prague. 

De plus en plus surveillé par la police, il décide en 1975 d’émigrer en France, où ses romans, traduits et publiés chez Gallimard, bénéficient déjà d’une certaine renommée (il obtient ainsi le prix Médicis étranger en 1973 pour La vie est ailleurs). Il enseigne la littérature comparée à Rennes, puis Paris. 

En 1979, Le livre du rire et de l’oubli, où il raconte notamment son exclusion du Parti communiste, lui vaut d'être déchu de sa nationalité par la Tchécoslovaquie. Pour autant Kundera ne s’identifie pas à une cause politique :

« La police détruit la vie privée dans les pays communistes, les journalistes la menacent dans les pays démocratiques. » (cité par Ariane Chemin dans A la recherche de Milan Kundera)

Que ce soit du côté de l'idéologie ou du libéralisme, de la propagande ou de la publicité, il rencontre les feux faces d’une même « imagologie » (L'immortalité), qui capture les désirs des individus et les dépossède de leur rapport à soi. Les personnages de Kundera sont la plupart du temps inquiets, flottants, naviguant parmi des simulacres (y compris et en premier lieu celui de l’amour). Il fait ainsi partie des premiers romanciers à écrire le destin sentimental des individus à l’intérieur d’une société du spectacle.

La fiction pour Kundera est une science de l’image, et chaque scène concrète l'occasion d'une démonstration de « mathématique existentielle », où il fait jouer, avec une précision quasi cinématographique, la description immémoriale d’une attitude ou d’un geste, contre la fabrique éphémère des idées et des sentiments.

Après une période de gloire, qui culmine à la publication de son roman L'insoutenable légèreté de l'être (1984) et à son adaptation au cinéma par Philip Kaufman, Kundera cesse les apparitions médiatiques et choisit de laisser parler son œuvre. 

Pendant quatre ans, il réécrit avec François Kérel les traductions françaises de ses romans, tout en mettant la dernière main à l’un de ses essais majeurs, L’art du roman (1986), qu’il a rédigé directement en français. L’immortalité, son dernier roman « polyphonique » (1990), est écrit en tchèque et simultanément à destination de son traducteur français. A partir de La lenteur, (1993), Kundera n’écrit plus qu’en langue française. Il cherche alors exclusivement « le bonheur rare qu’illumine l’humour », tout en continuant à développer ses perspectives critiques sur l’art (Le rideau, Une rencontre). 

Milan Kundera se revendique d'un art expérimental qui fait retour à la liberté romanesque d'avant le XIXe siècle, dépourvu de « l'illusion du réel ». Il intègre la réflexion essayistique à l'art du roman, comme Broch et Musil, en faisant intervenir le narrateur, double de l'écrivain, et en multipliant les points de vue ; enfin il donne libre cours à la « fantaisie de la digression », comme Rabelais. Il explique avoir cherché les valeurs poétiques de la modernité (l'intensité, la densité, le merveilleux) dans un « territoire romanesque désenchanté » (Les testaments trahis, 1993). Celui qui a adapté Jacques le fataliste pour le théâtre (Jacques et son maître, 1998), s’est pensé – sans l’optimisme du XVIIIe siècle – comme un écrivain des Lumières

L’intégralité de son œuvre est éditée selon ses vœux, c'est-à-dire sans annotation ni appareil critique, en Pléiade, en 2011. 

En 2012, il a reçu le prix de la Bibliothèque nationale de France

En 2020, Milan Kundera a légué ses archives et sa bibliothèque personnelle à la deuxième plus grande bibliothèque de République tchèque, la bibliothèque de Moravie à Brno.

La Bibliothèque nationale de France rend désormais hommage à l’écrivain par une exposition de ses livres dans les salles G et H de la Bibliothèque tous publics (site François-Mitterrand).

Quelques liens pour approfondir :