François Jacqmin (1929-1992) est l'un des plus grands poètes de la deuxième moitié du 20e siècle en Belgique.
Les Presses universitaires de Liège ont entrepris la publication de Cahiers, dont le deuxième numéro est paru récemment, rassemblant poèmes inédits, proses, textes sur l’art et les artistes, ainsi qu'études sur l’œuvre, témoignages, correspondance et iconographie.
Ces Cahiers François Jacqmin sont désormais disponibles en salles H et V de la Bibliothèque Nationale de France.
Ajoutons à cet hommage ce rare extrait d'interview de l'écrivain :
Yves Namur, poète et éditeur (il anime les éditions du Taillis pré), secrétaire de l’Académie royale de langue et de littérature françaises de Belgique, a reçu le prix du Festival international Lucian Blaga pour l'ensemble de son oeuvre.
Ce prix, décerné en Roumanie dans la ville de Cluj-Napoca, est un hommage au grand poète Lucien Blaga.
- N'être que ça (éditions Lettres vives, 2021)
- Dis-moi quelque chose (éditions Arfuyen, 2021).
L’auteur d’art brut Adolf Wölfli et l’écrivain Blaise Cendrars se sont-ils rencontrés ? Telle est la virtualité autour de laquelle tourne cette exposition en ligne réalisée par Jehanne Denogent (docteure ès Lettres de l'UNIL) et Natacha Isoz (doctorante à la Section d'histoire et esthétique du cinéma), en collaboration avec Christine Le Quellec Cottier (professeure titulaire à la Section de français de l'UNIL, Centre d'Études Blaise Cendrars) et Int Studio.
On sait qu'Adolf Wölfli et Blaise Cendrars ont tous deux connu l’hôpital psychiatrique de la Waldau, près de Berne, au début du XXe siècle. Mais l'hypothèse d'une rencontre réelle débouche sur des parallèles formels d'inspiration entre les univers grandioses de ces deux artistes suisses.
Christian Dotremont est un artiste né à Tervuren, en Belgique, le 6 décembre 1922. Nous célébrons le centenaire de sa naissance cette année. Parallèlement au recueil et à la réédition de certains de ses livres, une grande exposition rétrospective de ses œuvres a eu lieu aux Musées royaux des Beaux-Arts de Belgique. La Bibliothèque nationale de France se joint à cet hommage par une exposition de ses ouvrages en salles de lecture F et H et par la constitution d’une bibliographie de ses œuvres conservées au Département Littérature et Art, au Département des Estampes et à la Réserve des livres rares.
Christian Dotremont fut un praticien de l’art révolutionnaire, soucieux de traduire en acte la maxime de Lautréamont d’après laquelle « la poésie doit être faite par tous ». Très tôt reconnu par les surréalistes, à Bruxelles puis Paris, grâce à son poème Ancienne éternité (1940 ; récemment réédité et disponible en libre-accès), il ne tarde pas à se réclamer d’un « surréalisme révolutionnaire », de plus stricte obédience, multiplie les interventions (plaquettes, tracts, affiches) et cofonde la revue Les Deux Sœurs (1947). Reparti en Belgique, puis au Danemark, il devient le fondateur de CoBrA (acronyme de Copenhague - Bruxelles - Amsterdam), l'une des plus marquantes avant-gardes européennes du XXè siècle (1948-1951). Ce mouvement d’art expérimental, qui se veut « sauvage dans la civilisation », a pour principe une collaboration étroite et spontanée entre écrivains et peintres.
Dotremont a énormément écrit sur et avec les peintres (Corneille, Asger Jorn, Serge Vandercam, Pierre Alechinsky, Karel Appel, pour les plus connus). C'est à leur contact, au creuset de la peinture qu’il invente, à Tervuren, son village natal, le geste qui inscrira son originalité dans l’histoire de l’art et de la littérature : le « logogramme » (1962). Simultanément peintre, dessinateur et poète, il travaille à la synthèse de ses moyens d’expression dans ce qu'il appelle « l’unité d’inspiration verbale-graphique » ; geste d’écriture spontané, sorte de logos primitif, le « logogramme » concentre la quête de fraîcheur et de liberté de Christian Dotremont, peignant et exposant son écriture, la recueillant parfois, plus rarement, en livre (Logbook, 1972).
Grand voyageur, fidèle à son tropisme pour le Nord, il se rend à douze reprises en Laponie entre 1956 et 1978, dans le village de sa « seconde naissance », Ivalo (Vues, Laponie, 1957 ; Commencements lapons, 1981). C'est là qu'il se met à écrire-peindre sur la neige (des « logoneiges » et des « logoglaces ») et qu'il rejoint la préhistoire éphémère (ou l’éternelle avant-garde) de l’art qu’il a toujours cherchée : « peindre la poésie / sans modèle ni mode / mais moderne du fond des âges / jusqu’au bout des ongles » (10 rue de la paille, 1968).
Atteint de tuberculose dès 1951, il passe de nombreux mois dans des sanatoriums, au Danemark et en Belgique. Son séjour au sanatorium de Silkeborg et sa passion pour Bente Wittenburg, qui inspirera presque tous ses poèmes, sont les thèmes de son seul roman publié, La Pierre et l’oreiller (1955). Dotremont était un militant de l'art expérimental doublé d'un grand lyrique.
Il est mort le 20 août 1979 au sanatorium Rose de la Reine de Buizingen.
Crédits photographiques : Frans Van Den Bremt, Portret van Christian Dotremont, s.d., Collection Communauté Flamande / Fotomuseum Antwerpen, BK/3759, © Frans Van Den Bremt
Ressources en lignes sur Christian Dotremont
Le prix du roman d’écologie 2022 a été décerné à Antoine Desjardins pour Indice des feux, aux éditions La Peuplade, un ensemble de sept nouvelles dont les personnages sont confrontés aux annonces en chaîne de l’effondrement des équilibres du monde.
Le roman explore le nuancier du décalage ressenti entre l’impuissance de nos vies prosaïques et l’ampleur du désastre écologique.
Antoine Desjardins est un jeune écrivain québécois, né en 1989. Indice des feux est son premier roman.
Fondé en 2018 par Lucile Schmid, le Prix du roman d’écologie récompense un roman francophone dont l’intrigue consacre une part substantielle aux questions écologiques. La Bibliothèque Nationale de France en est partenaire depuis 2019.
Les autres romans finalistes du prix écologie à la BNF :
La grande et méconnue poétesse belge Marianne Van Hirtum (1925-1988) vient d'être rééditée aux éditions l'Arbre de Diane.
Née en 1928 près de Namur, Marianne van Hirtum s’installe à Paris en 1956 où elle fait deux rencontres capitales : André Breton et Jean Paulhan, qui publie un recueil de ses poèmes chez Gallimard (Les insolites). Elle rejoint brièvement le groupe surréaliste et participe à l’Exposition internationale du surréalisme en 1959, avant de poursuivre sa vie créatrice à l’écart des milieux littéraires.
Une excellente présentation bio-bliographique ici.
Marianne Van Hirtum (DR)
« Aller dans la vigueur de la nuit
s'accrochant aux hampes des enfants-navires :
le cerne des yeux s'agrandit d'ombre blanche
alors que sans mesure sauvage
la bête aveugle pose sa tête au nord du lit.Nous eûmes des vents clairs tout au long du voyage :
pas encore un seul qui en est revenu
à peine celui-ci au long regard de pervenche qui s'éventaille,
brille sur la main qui ne parle que bleu
ce regard qui prend à la gorge la Reine sans défaut.Mais devenir les enfants du pire !
Alors que la grande porte du jamais permis
sur un signal de regard tendre
s'abat sur nos coeurs - ténébreuse et folle ! »
Un extrait de La Nuit mathématique, publié chez Rougerie en 1977, qui constitue une sorte d'anthologie de ses poèmes de jeunesse.
Une grande écrivaine à redécouvrir en salle H, à la cote BE84 VANH.