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Maghreb

Kamel Daoud, prix Goncourt 2024

Kamel Daoud, journaliste et romancier algérien, a écrit une vingtaine de romans et nouvelles, à découvrir en salle H de la bibliothèque François Mitterand, à la cote MAG84 DAOU. Il a remporté ce lundi 4 novembre le Prix Goncourt, après le prix Landerneau des lecteurs, pour son dernier roman, Houris, qui raconte à travers son héroïne, la jeune Aube, la mémoire de la guerre civile (ou "décennie noire") des années 90, qui oppose le gouvernement algérien et divers groupes islamistes. 

Kamel Daoud n'en est pas à sa première récompense. Il a déjà remporté le Prix Goncourt du premier roman en 2015 avec Meursault, contre-enquête (Gallimard). En 2018, l’Académie Française lui a décerné la Grande Médaille de la Francophonie. En 2019, il devient le premier titulaire de la chaire d’écrivain à Sciences Po. En 2020, il reçoit le Prix international de la Laïcité.

Un entretien avec Leïla Bahsaïn

A l'occasion de la parution de son troisième roman, Ce que je sais de monsieur Jacques, l'écrivaine franco-marocaine Leïla Bahsaïn, lauréate du Prix Méditerrannée premier roman 2019, est interviewée sur Rfi dans l'émission Littérature sans frontières : un entretien à réécouter ICI

Retrouvez Ce que je sais de monsieur Jacques en salle H de la Bibliothèque François Mitterrand, dans les collections de littérature francophone.

Abdellah Taïa, prix de la langue française 2024

Abdellah Taïa est né à Rabat (Maroc) en 1973. Auteur d’une quinzaine d’ouvrages, romans et recueils de nouvelles, il obtient le Prix de Flore en 2010 pour Le Jour du Roi
Il est notamment le premier écrivain à assumer son homosexualité en une de l’hebdomadaire marocain Tel Quel
Engagé politiquement (notamment lors des Printemps arabes, en 2011), Abdellah Taïa reste pourtant un écrivain de la discrétion, de l'exil et du pouvoir subtil des minorités. Son dernier roman, Le Bastion des larmes, très prochainement disponible en salle H de la bibliothèque François Mitterrand, est écrit selon lui du point de vue des femmes, notamment de ses nombreuses soeurs, dont il revendique l'éducation et l'intelligence. Comment trouver les moyens, voire les solutions d'une liberté à l'intérieur d'un ordre dominant ? C'est le fil conducteur de son oeuvre, et en particulier de son dernier livre, qui décrit ce lieu, le "bastion des larmes", sur les remparts de la vieille ville de Salé, où se retrouvent les marginaux de la société marocaine : homosexuels, prostituées et drogués. 

Le prix de la langue française 2024 sera remis à Abdellah Taïa lors de l'inauguration de la 42e Foire du livre de Brive, le 8 novembre.

Pour en savoir plus : 

Kateb Yacine : portrait

Kateb Yacine 

" Toute doctrine religieuse ou philosophique aboutit toujours à châtrer le poète qui s'en fait le coryphée. Le vrai poète, même dans un courant progressiste doit manifester ses désaccords. S'il ne s'exprime pas pleinement il étouffe. Telle est sa fonction. Il fait sa révolution à l’intérieur de la révolution politique ; il est au sein de la perturbation, l’éternel perturbateur. Son drame c'est d'être mis au service d'une lutte révolutionnaire, lui qui ne peut ni ne doit composer avec les apparences d'un jour. Le poète, c’est  la révolution à l’état nu, le mouvement même de la vie dans une incessante explosion. " 

L’action, 11 août 1958, p. 17 (in « Qu’est-ce que le théâtre ? » Entretien avec Kateb Yacine et Jean-Marie Serreau sur Le Cadavre encerclé

Ecrivain, journaliste, militant révolutionnaire, Kateb Yacine est aussi considéré comme l'un des inventeurs de la littérature maghrébine moderne de langue française.

Kateb Yacine est né à Constantine en 1929, dans une famille de lettrés. Il entre en 1934 à l'école coranique et en 1935 à l’école française, comme c’est l’usage dans les familles bourgeoises algériennes de l’époque. Le 8 mai 1945, jeune collégien, il participe aux manifestations de Sétif et assiste à leur sanglante répression par la police et l’armée françaises. Sa famille est touchée, dont sa mère, qui devient folle. Kateb Yacine est emprisonné et ne retournera jamais au lycée. Il se fait docker et journaliste au quotidien Alger républicain, où il publie des articles politiques sur la situation internationale. Le sentiment de révolte contre le colonialisme et le désir d'un éveil national algérien guideront désormais sa vie et son œuvre.
A la même époque il publie, grâce à une rencontre de hasard, son premier recueil de poèmes Soliloques (1946).

À la mort de son père, Kateb Yacine s'exile en France pour subvenir aux besoins de sa famille. Vivant d'abord de petits métiers, des amis parviennent à lui fournir les conditions pour écrire à Paris où il parvient à terminer Nedjma (1956), son premier chef d’œuvre. Avec une matière algérienne, largement autobiographique, et dans un français éblouissant, Kateb Yacine retourne contre la France son arme de prestige : la « grande littérature ». Il aura plus tard cette parole restée célèbre : « Le Français est notre butin de guerre ».
Sa rencontre avec le metteur en scène Jean-Marie Serreau, en pleine guerre d’Algérie, l’oriente vers l’écriture d’un théâtre engagé, qu’il parvient à faire jouer en France, en Europe et au Maghreb (Le cadavre encerclé, 1957, Le Cercle des représailles, 1959). Kateb Yacine retourne en Algérie peu après la fête de l’Indépendance, en 1962. Il reprend ses activités de journaliste, tout en élargissant son engagement de la lutte anticoloniale à lutte anti-impérialiste (Nos frères les Indiens, 1964). Kateb Yacine publie encore Le polygone étoilé en 1966, roman algérien et prouesse stylistique, dans la veine de Nedjma, avant de tourner définitivement le dos à un certain milieu et à certaines préoccupations des « Lettres françaises ».

Après un voyage au Vietnam en 1967 et l’écriture de la pièce L’Homme aux sandales de caoutchouc (1970), Kateb ne sépare plus l’œuvre littéraire de l’action politique. Il décide de s’établir en Algérie à partir de 1971 pour fonder un théâtre populaire en arabe algérien (le « Théâtre de la mer » à Bab El Oued). La littérature devient pour lui l'objet d'une œuvre collective (ainsi sa pièce Mohamed, prends ta valise (1971) a été écrite en intégrant les échanges de vive voix émanant de sa troupe) et le théâtre l’expression publique d’une tragédie nationale, où doit pouvoir se reconnaître le peuple algérien. Son style évolue en intégrant davantage les formes de la langue parlée : « La littérature c'est plutôt la langue vivante que les belles phrases », dira-t-il dans un entretien. Ainsi sa pièce La guerre de deux mille ans (1974) sera jouée en arabe dialectal.
Le socialisme de Kateb Yacine vise autant l’impérialisme extérieur que les forces régressives intérieures à l’Algérie. Ses prises de position en faveur de la cause berbère et de la liberté des femmes, son hostilité à l’égard du nivellement politique par la langue et la religion (« l’arabo-islamisme »), le font exiler en 1978 dans son propre pays et censurer à la télévision.

Après avoir obtenu en 1987 le Grand prix national des lettres, Kateb Yacine choisit de retourner en France. Il meurt de leucémie, à Grenoble, en 1989.