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Portail Métiers du livre

Le site de ressources et d'information de la BnF sur les métiers du livre

Imprimeurs, typographes, calligraphes

Entre texte et image, l'interface du temps

Regardons un instant les Épreuves des caractères de la fonderie de Loyson et Briquet, ouvrage daté de 1751, où les modèles de la Nompareille, de la Mignonne, du Cicero Gros oeil ont servi à imprimer bon nombre de livres dans des proportions harmonieuses de mise en page agréable à la vue.

Feuilletant cet imprimé (cote : 4-S-3949), des petites vignettes ou cartouches nous sont présentés pour agrémenter les textes à imprimer. Elles sont de même hauteur afin de faciliter toutes sortes de combinaisons possibles entre le texte et l'image. On apprend également dans les pages suivantes que des moules ont été créés pour la fabrication de ces vignettes tant pour les formats in-folio que les in-12.

Outre l'impact que joue la typographie sur notre mémoire dans l'apprentissage de la lecture par exemple et la pluralité des écritures révélant les spécificités culturelles de chacun, nous observons que les différentes avancées technologiques depuis les années 50 ont changé considérablement le métier du typographe et de l'artiste graveur de caractères.

Dans les années 90, la dématérialisation de la matière redéfinit non pas la lisibilité d'un caractère dans un souci de perfection esthétique, mais plutôt une manière différente d'aborder le texte et l'image. Ainsi les artistes "graphistes-typographes" se servent des théories mécanistes pour inventer de nouveaux langages à travers de nouveaux systèmes d'encodage. C'est ainsi que l'ASCII art (American Standard Code for Information Interchange) apparaît. L'ASCII art se base sur un système informatique de codage qui attribue des valeurs numériques aux lettres, aux chiffres etc. afin de fluidifier les échanges d'informations. Ce système est utilisé par l'artiste Joan G. Stark pour créer des formes d'art en mode texte. 

© Joan G. Stark

Vers la fin des années 2000 l'Unicode supplante l'ASCII et devient un standard universel de l'encodage informatique des caractères. Pourtant, il n'en reste pas moins que certains artistes continuent à transmettre la mémoire d'oeuvres d'art, comme James Cook via son travail tapé à la machine à écrire (portraits de la Joconde, de poètes-écrivains, etc.). La démarche de James Cook s'inscrit à contre-courant du système des réseaux internet, qui modifie considérablement la puissance créatrice contemporaine, comme si celle-ci ne pouvait éclore qu'en ligne.

C. Prieur

Regard sur... Ladislas Mandel (1921-2006), ou l'humanisme de la lettre

Ladislas Mandel (1921-2006)

Né en Roumanie en 1921, dans une famille juive d’origine hongroise, Ladislas Mandel s’installe en France à partir de 1936, avant de s’engager dans la Résistance pendant la Seconde Guerre mondiale. Sa formation initiale à la peinture et à la sculpture (Beaux-Arts de Rouen et Académie Ranson à Paris), puis à la restauration de monuments historiques et la taille de la pierre, lui inculque une perception globale de la forme, de sa tension et de son équilibre, ainsi qu’une approche gestuelle, visuelle et plastique de l’écriture qu’il met au service de la typographie. Entré en 1954 à la fonderie Deberny & Peignot, il apprend le dessin de lettre aux côtés d’Adrien Frutiger. L’essor de la photocomposition et la nécessité d’adapter les catalogues plomb à cette nouvelle technologie conduisent le maître et l’élève à inventer le métier de « dessinateur de caractères ». En 1968, Mandel prend la direction artistique de la firme Lumitype devenue International Photon Corporation, pour laquelle il crée de nombreuses polices, dont des caractères cyrilliques, hébreux, arabes et grecs.

Mandel milite contre la dégradation de la communication écrite provoquée par la technologie de l’électronique avancée, et par ses dérives consuméristes qui mettent en péril le métier de typographe autant qu’elles effacent les spécificités culturelles, pensée qu’il exposera dans Écritures : miroir des hommes et des sociétés (1998) et Pouvoir de l'écritur(2004) aux Éditions Atelier Perrousseaux.

Le fonds Mandel à la Bibliothèque de l’Arsenal :

C’est en 2007 qu’un legs considérable est entré à la Bibliothèque de l’Arsenal. Il est constitué de sa bibliothèque de travail (manuscrits en feuilles, incunables, spécimens typographiques, affiches etc.), soit 3000 documents annotés ou autographiés ; ainsi que de 200 objets, originaux ou copies (ôles tibétaines, fragments de sarcophages égyptiens, sceaux-cylindres mésopotamiens, cahiers d’écoliers khmers, poinçons et fontes européens, coupe mandéenne etc.), et ses archives personnelles (dossiers, brouillons, manuscrits, recueils de textes, diapositives et photographies).

Signalons que de nombreux documents de travail et correspondances du typographe sont entrés dans les fonds du Musée de l’imprimerie et de la communication graphique DE Lyon entre 2004 et 2007 sous forme de don puis de legs.

Extrait d'un article écrit par Florence Codet

En savoir plus sur l'imprimerie

Quelques sites de fonderies

Corpus et histoire de la typographie

Associations de calligraphie

Conférences sur l'histoire de la typographie

L’EPHE organise une série de conférences sur l’histoire de la typographie. Ces conférences auront lieu un mercredi par mois d'octobre à juin 2024 et se tiendront de 15h à 17h à l’École des Chartes.

Accéder à plus d'informations → ICI

 

Podcast

À découvrir en podcast sur le site d'Histoires d'artisans, un entretien de Marion Saussier, dirigeante de la Maison Alivon, manufacture de caractères en bronze et fondatrice de la Maison Alivon Éditions.

Actualités typographiques et calligraphiques

Formation et recherche

Associations de typographie

Etude du fonds typographique Ladislas Mandel par Aurélien Vret

Octobre 2022 : Aurélien Vret présente la fin de ses recherches menées à la Bibliothèque de l’Arsenal avec un dernier billet très documenté, Lettres françoyses.

Sous ce titre archaïsant, il s’est attelé à la question déjà largement traitée ailleurs des lettres de civilité. Mais il l'a renouvelée en examinant en profondeur la généalogie des poinçons les plus anciens du fonds Mandel ; ils datent d’avant 1558 et ont été gravés par Philippe Danfrie.

Aurélien Vret est un artiste multidisciplinaire, créateur et chercheur associé à la Bibliothèque nationale de France. Il a étudié le fonds du typographe Ladislas Mandel (1921-2006) légué à la Bibliothèque de l'Arsenal en 2007 (dans le cadre du projet "Pourquoi il est important de faire de la typographie contemporaine à la BnF, et ce que cela change pour l'avenir de la création artistique en général"). Quelles fonderies ont produit ces caractères ? Quels ont été leurs histoires, leurs premiers usages - artistiques, politiques ou scientifiques ?

Pour aller plus loin : 

Robur → https://bnf.hypotheses.org/10971,

Caractères orinaires → https://bnf.hypotheses.org/11679 et

Écriture, estampe, typographie, photographie et peinture → https://bnf.hypotheses.org/14546
 


 

La calligraphie dans l'histoire et dans la création