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Violence intrafamiliale ordinaire, une clinique systémique de l'individu
La prise de conscience de toutes les formes de violence est progressive. Le harcèlement sexuel, le harcèlement moral, sont par exemple des « découvertes » récentes. Cette progressivité de la prise de conscience des situations publiques et privées de violence peut être rapportée à des facteurs sociaux, comme la tolérance de faits violents connus depuis longtemps, dont les populations victimes étaient moins protégées par les pouvoirs publics, ou bien, plus sous la tutelle de pouvoirs privés comme ceux de la famille. Elle concerne les effets destructeurs des formes les plus extrêmes de cette violence, et aboutit à un traitement avant tout judiciaire et social des situations. Parmi les formes extrêmes de violence familiale, les maltraitances graves, les abus sexuels, les violences conjugales, ont d’abord été reconnus, puis ensuite réprimés. Ceci à une époque récente. Ces violences existent pourtant depuis toujours, mais elles n’étaient pas considérées auparavant comme (socialement) intolérables. Le traitement de telles situations reste précaire. Il accompagne le plus souvent les traitements social et judiciaire et il ne peut pas suffire seul, ou bien avec le risque de perpétuer la violence. Un traitement préventif des violences extrêmes passerait par la reconnaissance des situations plus banales de la violence intrafamiliale, celles que j’appellerais de la violence « ordinaire ». Mais la prise de conscience de cette violence ordinaire ne va pas de soi...
À la BnF
Sen Amartya. Identité et violence : l'illusion du destin, Paris, O. Jacob, 2010 (trad. Kleiman-Lafon Sylvie)
Le monde semble redevenir une fédération de " cultures ", de " civilisations " où chacun est sommé de se ranger. Faut-il s'y résigner ? N'avons-nous d'autre choix que de nous enfermer dans une identité close ? Remettant en cause l'idée de Moyen-Orient et d'Occident monolithiques, rompant avec la logique de l'affrontement entre blocs, revendiquant ses racines indiennes comme ce qu'il doit à la culture des pays occidentaux où il travaille, Amartya Sen dénonce les illusions qui entourent pour lui la notion d'identité aujourd'hui. La liberté qu'a chacun de se construire par-delà les blocs, grâce à la multiplicité de ses appartenances, est peut-être le seul recours contre la violence.
Beck Aaron Temkin. Prisonniers de la haine : les racines de la violence, Paris, Masson, 2002 (trad. Jean Cottraux, Héloïse Dupont et Maud Milliery)
La répétition de la montée de la violence nous scandalise. La politique et l'économie n'expliquent pas tout. C'est donc au tour de la psychologie de se pencher sur la haine et la violence. Après l'effondrement des tours jumelles de Manhattan, comment en savoir plus sur la psychologie des attentats ? Peut-on comprendre et expliquer l'injustifiable : les génocides, les guerres, les meurtres ? Tous les jours, la haine se banalise et nous interroge dans nos villes, nos quartiers, nos maisons, distillée par le machisme, l'individualisme, le narcissisme, les préjugés et la discrimination. Lutte des gangs de rues dans les grandes cités, lutte entre communautés d'âge, communautés sociales, ethniques, religieuses ou sexuelles. L'auteur, un des plus éminents psychothérapeutes de notre époque et père fondateur de la thérapie cognitive, propose une analyse très fine des fonctionnements psychologiques et sociaux des phénomènes de violence. Il envisage dans cet essai, aussi bien la psychologie collective que la psychologie individuelle, que les lecteurs pourront dans certains cas relier à leurs expériences personnelles.
Wiart Yvane. Petites violences ordinaires : la violence psychologique en famille, Paris, Le Courier du livre, 2011
Tous ces petits mots qui n'ont l'air de rien mais qui nous détruisent. Tous ces silences parfois lourds de sens... La violence verbale et psychologique est une importante source de stress quotidien, mais sait-on précisément d'où elle vient et comment la reconnaître ? Est-elle le fait des hommes plus que des femmes ? Comment se manifeste-t-elle en famille, et quel effet a-t-elle sur les enfants ? Cet ouvrage propose des réponses concrètes à ces questions. Il permet de réfléchir à sa propre violence, à celle que l'on se fait à soi-même en acceptant celle de l'autre. Il interroge sur la signification et l'origine de ce processus, donne une liste détaillée des différents types de violence psychologique afin de ne plus être agresseur ou victime par ignorance. Il offre des techniques pour rompre le cycle infernal de ces types d'agressions et préserver les enfants, victimes directes ou collatérales de défauts de communication qui empoisonnent la vie familiale. La prise de conscience de chacun, que les petites violences du quotidien ne sont pas si ordinaires, est un pas décisif pour évoluer vers une communication plus harmonieuse.
Olivier Christiane. L'ogre intérieur : de la violence personnelle et familiale, Paris, Fayard, 1998
Un homme en fureur donne des coups de pied dans la portière de sa voiture... Une adolescente s'acharne à ne pas manger... Un garçon de 15 ans en tue un autre à coups de couteau... Combien sont-ils, ceux qui sans mots pour le dire se battent avec un ennemi intérieur qu'ils ne connaissent pas ? La violence est partout. Pourquoi ? Parce qu'elle est en chacun de nous : originellement force de vie, elle peut se retourner en pulsion de destruction ou de mort. Christiane Olivier trace remarquablement le portrait de l' ogre intérieur qui est à l'origine de toutes les formes de violence personnelle : boulimie, anorexie, alcoolisme, dépression ; ainsi que de toutes les violences ayant pour but de prendre le pouvoir sur l'Autre : incestes, viols et violences familiales, sectes, médias. Exprimées, refoulées, retournées contre soi, ces différentes violences manifestent notre rapport à nous-mêmes et à l'Autre. Elles racontent au fond notre propre histoire. Elles reflètent aussi une époque en mal de père, de repères, d'institutions. Voici un livre essentiel qui présente les mécanismes profonds qui déterminent dès l'enfance les sentiments et les comportements des êtres humains. Mieux comprendre son ogre intérieur c'est mieux se connaître et par là même mieux vivre en paix avec soi et les autres.
Hirigoyen Marie-France. Femmes sous emprise : les ressorts de la violence dans le couple, Paris, Éd. de Noyelles, 2005
Les agressions physiques dans le couple n'arrivent pas soudainement. Bien avant les bousculades et les coups, il y a une escalade de comportements abusifs et d'intimidations. Et si les femmes ne partent pas, c'est qu'elles ont été piégées, mises sous emprise. Comprendre cette emprise, c'est aussi s'en déprendre. Marie-France Hirigoyen, à partir de nombreux exemples, analyse les ressorts de la violence au sein du couple. Ce livre utile et pratique permet d'intervenir très tôt, dès les premiers signes de manipulation mentale, bien avant l'apparition de la violence physique.Mais on ne peut réduire la violence de couple à ses aspects culturels et sociaux ; elle comporte aussi des éléments psychologiques. Là où circulent les affects les plus forts peuvent émerger les souffrances les plus intenses. Que dire de ces individus violents qui, sans porter le moindre coup, réussissent à détruire leur partenaire ? Certains actes ne sont pas condamnables sur le plan juridique, mais sont néanmoins destructeurs.Dans 98 % des cas recensés, l'auteur de violences est un homme. C'est pourquoi il s'agit majoritairement dans ce livre de femmes victimes et d'hommes agresseurs, tout en sachant que des situations inverses existent.
Salmona Muriel. Le livre noir des violences sexuelles, Paris, Dunod, 2013
Les violences sexuelles, très nombreuses en France, restent peu prises en considération par les acteurs médico-sociaux et politiques. Or, les conséquences psychotraumatiques de ces violences sont énormes en termes de santé publique. Cet ouvrage entend dénoncer une véritable loi du silence, qui empêche les victimes d’être réellement secourues et efficacement traitées. Un livre document qui éclaire, explique et interpelle !
Bergeret Jean. Freud, la violence et la dépression : l'oedipe et le narcissisme, Paris, PUF, 1995
Jean Bergeret postule l'existence d'une force primitive, qu'il appelle violence fondamentale, force sans haine ni amour, qui ne concerne que la survie. Elle ferait écho au premier oracle de la tragédie, qui avait préconisé la mise à mort de l'enfant, premier oracle négligé par Freud dans sa reprise du mythe d'Oedipe, souligne-t-il. Interprétation du mythe fondateur, fantasmes originaires, dualités pulsionnelles et surtout théorie des pulsions - avec la grande question de l'instinct/pulsion de mort - vont être revisités, conduisant Jean Bergeret à revoir la métapsychologie, à postuler l'existence d'organisations dont la référence centrale ne serait pas d'ordre génital oedipien, mais narcissique.
Femmes et hommes face à la violence, INSEE
"Éducation et violence", Revue française de pédagogie
"Jeux vidéo : l'école de la violence?", revue Cerveau & Psycho
"Violence et psychiatrie : quels experts? Pour quels rôles?", revue l'Information psychiatrique
"Vers une nouvelle définition du harcèlement au sein du couple", L'Express
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